Les Mvelé au Cameroun. Entre construction de l’Etat, sorcellerie et politique du ventre

Les Mvelé au Cameroun. Entre construction de l’Etat, sorcellerie et politique du ventre

Par : Fred Jérémie Medou Ngoa

Release date: Jan 2016

L'Harmattan

Nombre de pages: 183

ISBN: 978-2-343-09446-5


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Cet ouvrage teste l’hypothèse de Peter Geschiere émise dans « Sorcellerie et politique: les pièges du rapport élites/village » selon laquelle les élites bamiléké ou bamenda de l’Ouest-Cameroun n’hésitent pas à investir concrètement dans le développement de leur terroir, contrairement à celles du Centre-Sud-Est. En effet, l’affinité ethnique entre les Mvelé, majoritairement chrétiens, et André-Marie Mbida, un Eton, chrétien devenu premier Premier ministre du Cameroun, et leur défiance vis-à-vis d’Ahmadou Ahidjo, originaire du Nord du pays et musulman, devenu premier président de la République, a entraîné leur « marginalisation », en termes de sous-développement et de non-assimilation d’un des leurs au gouvernement, pendant 36 ans. Certes, certaines élites urbaines de ce terroir se sont investies et s’investissent autant que faire se peut pour la dotation locale de l’État en infrastructures, mais cette entreprise a surtout fait sens avec l’entrée inédite au gouvernement, en 1994, sous le règne du Président Paul Biya, d’un Mvelé, Roger Melingui, qui a érigé son terroir en fief, entre autres, du parti au pouvoir, le RDPC, en réduisant les poches oppositionnelles produites et entretenues par Abanda Metogo Valère, un autre Mvelé devenu vice-président de l’UNDP. La construction de l’État chez les Mvelé s’est surtout heurtée et se heurte de nos jours encore à des pesanteurs diverses, parmi lesquelles les luttes hégémoniques, la fracture entre élites et populations, la politique du ventre, la sorcellerie ; cette dernière étant un piège historique qui continue d’exercer, dans les représentations de certains de ces « migrants enrichis », une violence symbolique forte.