Le concept foucaldien de biopolitique représente une transition paradigmatique majeure dans la perception du pouvoir politique, passant d’un pouvoir répressif à un pouvoir protecteur de la vie. Cette nouvelle configuration du pouvoir, où l'État cherche à faire vivre plutôt qu'à laisser mourir, trouve écho dans l'évolution récente des régimes autoritaires en Afrique du Nord. Ces derniers, même s’ils conservent l’essentiel de leur syndrome autoritaire, sont traversés en profondeur par des processus de modernisation irréversibles.
À l'exception de la Tunisie après la chute de Ben Ali, les régimes politiques maghrébins ont connu diverses transformations institutionnelles sans provoquer de rupture radicale au sein de l'État. Ce changement progressif avait induit l'émergence d'un un modèle néoautoritaire, où l'accès au pouvoir est régit par les règles constitutionnelles et des élections, jouant un rôle clé dans la légitimation du pouvoir. Dès lors, pour renforcer leur autorité, les élites politiques combinent plusieurs registres de légitimation, institutionnels, charismatiques, historiques et religieux.
Les dispositifs et techniques du biopouvoir ont permis à ces régimes, non seulement de se maintenir face aux pressions du changement, mais aussi de se réinventer en recourant aux techniques pacifiées de gouvernance. Celles-ci, s'inspirent des valeurs démocratiques du féminisme, des droits de l'homme, de l'environnement et de la tolérance, ainsi que des nouvelles techniques managériales et entrepreneuriales pour mobiliser et fidéliser leur élite politique et 'éviter les ruptures institutionnelles.
Il faut dire que le néoautoritarisme se distingue par son usage sophistiqué du biopouvoir pour gouverner les corps et les esprits, évitant ainsi le recours à la violence palliative de déficit de légitimité. Ces régimes adoptent progressivement les techniques de gouvernementalité libérales, qui les rapprochent davantage des régimes politiques libéraux, connaissant à leur tour des dérives autoritaires et populistes, qui consolident l’isomorphisme institutionnel des deux types de régimes.
Biopolitique et syndrome néoautoritaire au Maghreb
Type
Open Panel
Language
French
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PL-6219